~ Cercle Philosophique ~

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45 - Modèle Travail-Bonheur -

I – LE CONTEXTE -

Une solution possible, objet d'études récentes - alors même qu'elle a été formulée dès 1795 par l'indigné et révolutionnaire britannique, américain et français, Thomas Paine {1737-1809}, dans son ouvrage "Justice agraire" - permet de concilier ces notions à partir de différents liens susceptibles d'être établis entre un nouveau modèle de "Travail" et "Le Bonheur" qu'il est ainsi susceptible de générer.

II – EXPOSÉ D'UNE SOLUTION -

20 – Les prémisses -

L'intervention de l'automation, sous toutes ses formes et dans quasiment tous les domaines, couplée à la compétition économique mondiale fondée sur l'utilisation du capital humain au plus bas coût, produit un terrible effet de cisaille sur l'emploi et sa stabilité ; aussi, l'automatisation de l'économie n'a-t-elle pas produit la libéralisation tant espérée sur laquelle elle trouvait ses fondements et misait ses espérances, à l'égard du travail obligatoire et rémunérateur.

Il est tout à fait certain que la paupérisation induite par ce système va conduire à une raréfaction telle des ressources qu'elle va tendre à la raréfaction de la demande, le consommateur étant ainsi privé des moyens nécessaires pour répondre massivement à l'offre du marché ; l'entropie appliquée à l'économie !

Aussi, n'est-il pas totalement illusoire de renverser la tendance travail-revenu, par la mise en place de ce que certains qualifient de "Revenu de base" ou "Revenu inconditionnel" ou "Revenu d'existence", qui peut se définir comme une forme de rente universelle allouée à chaque individu, de la naissance à la fin de sa vie, et se caractériser. selon le "Mouvement français pour un Revenu de base" comme "un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d'autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement".

Ce projet transformateur du lien social est promu dans le monde entier par des économistes, des politiques, et des activistes de tous bords, convaincus de sa légitimité qui se fonde non seulement sur un droit naturel dont dispose chaque être humain à la jouissance équitablement partagée du bien commun, actuellement exploité par l'économie à des fins privées, dont le résultat, sur le terrain qui nous préoccupe, celui du "Travail", en tant qu'emploi rémunérateur, conduit à un flagrant constat d'échec des politiques héritées d'une époque révolue, fondée sur la croissance économique et le terrible mur de la dette qu'elle fait supporter à la collectivité productrice ; aussi, cette "utopie" va progressivement apparaître comme inéluctable comme le furent en leurs temps, l'abolition de l'esclavage, de certains privilèges, la création des congés-payés, le vote des femmes...

Pas de surprise quant au silence persistant des médias traditionnels, sensés nous informer, dès lors que leurs commanditaires ne tireront aucun profit d'un tel système.

Si aucun pays ne s'est encore doté de cet outil, des balbutiements et tentatives se font jour de par le monde ; après quelques tests menés depuis 1960, une expérience à plus grande échelle a été lancée en Inde, de 2011 à 2013, avec l'appui de l'Unicef et l'aide de l'Association des femmes auto-employées, dans 8 villages de la région du Madhya Pradest.

Au Brésil le sénateur Eduardo Suplicy a tenté de faire entrer ce projet dans la Constitution ; en Alaska a été créé un "Alaska Permanent Fund", dont les actifs proviennent des ressources de cet État nord-américain, et qui verse, depuis près de 30 années, un pécule annuel qui a varié de 800 à 2 000 $ par citoyen. Dans les pays à population extrêmement pauvre, quelques expériences significatives ont été tentées, comme en Namibie en 2009.

En Europe, la Finlande et la Suisse s'y sont intéressées :

- en Finlande, le "think tank Tänk" a soumis un projet qui a servi de support à la réflexion de la sphère politique, à la suite duquel le nouveau gouvernement finlandais et sa majorité parlementaire ont exprimé leur accord de principe pour l'instauration d'un revenu de base inconditionnel ;

- quant à la Suisse, la campagne 2012-2013 a recueilli 126 000 signatures, nombre suffisant pour l'organisation d'un referendum soumettant l'idée d'un "Revenu universel garanti" à un vote populaire qui devrait se dérouler fin 2016. L'Allemagne n'est bien évidemment pas absente avec son projet "Hartz IV".

En France, enfin, après avoir tenu, du 14 au 21 septembre dernier, dans ses différentes délégations régionales, sa 8ème semaine internationale pour le revenu de base sur le thème "Un filet de sécurité pour la vie", le "Mouvement Français pour un Revenu de Base" (MFRB) s'est invité chez les candidats de la campagne des élections régionales 2015 ; pour ce qui concerne la région des Pays de la Loire, les groupes locaux d’Angers et de Nantes de ce mouvement ont rédigé un texte commun à l’attention des têtes de liste, en leur demandant d’exprimer leur position sur cette question du revenu de base.

21 – Quelques éléments de réflexion -

L'opinion publique, pour autant qu'elle soit informée, n'est cependant pas opposée comme le révèle un sondage IFOP paru au mois de mai dernier à l'occasion d'un colloque organisé par le Sénat, puisque 60 % des personnes interrogées se sont déclarées favorables à un "Revenu de base garanti", qui se substituerait aux aides et prestations en place.

Pour les chantres du "Revenu de base", c'est une évolution inéluctable, comme un saut en avant après lequel il sera impossible de revenir en arrière.

Malgré les aides énormes de toute sorte et de toute nature accordées à la lutte contre la pauvreté et les inégalités, le Revenu de base ne parvient pas à s'imposer, ce qui n'est pas surprenant eu égard aux modes de fonctionnement réels de nos démocraties endettées...

Se pose bien évidemment le problème de son financement ; mais qui finance actuellement les dettes faramineuses des États et les coûts exorbitants des systèmes de santé et d'aides sociales ?

Pour information, selon la dernière situation mensuelle, publiée au Journal officiel de la République française du 16 décembre 2016, la dette financière de l’État français était de 1 632,63 Md€ {1 632 630 000 000 €} au 31 octobre 2016, la France s'endettant de plus de 2 000 € chaque seconde, le total de sa dette représentant plus de 90 % de son PIB, chaque enfant naissant avec une dette personnelle, cadeau des générations qui l'ont précédé, de plus de 24 000 € !).

La masse monétaire créée par les instituts d'émission, privés pour certains (!), est génératrice d'un mécanisme de flux de dette nette remboursable qui pousse le monde dans une fuite en avant de croissance, de consommation, d'appauvrissement des ressources de la planète, de création de besoins qui n'en sont pas - sauf pour ceux qui en tirent profit et qui sont aussi des consommateurs - système non désiré, qui nous dessert et qui échappe à notre seul contrôle par les voies traditionnelles de la "démocratie".

La seule expérience de l'Inde, ne permet pas de prévoir avec suffisamment de précision les effets de l'instauration à grande échelle du "Revenu de base". En effet, la crainte persiste de voir les salariés abandonner tout simplement leur travail, ce qui est déjà le cas avec les effets pervers des couvertures et protections sociales ; toutefois, la nature humaine est telle que l'Être humain a toujours tendance à vouloir aller au-delà de lui-même, ce que favorisera, à mon sens, la mise en œuvre d'un "Revenu de base" ; c'est d'ailleurs ce qu'a révélé, à sa petite échelle, l'expérience du Madhya Pradest pour laquelle, la disparition de la contrainte liée au travail en tant qu'élément rémunérateur indispensable à la survie s'est, au contraire, révélé libératrice d'énergie créative.

III – EN CONCLUSION -

Ce type d'expérience présente un caractère si radical qu'il jette un voile glacial sur la possibilité d'une solution de mise en œuvre progressive et incite à penser que seule une crise globale importante dégagerait une énergie potentielle suffisamment importante pour l'enclenchement d'un tel changement, qu'elles qu'en soient les conséquences, imprévisibles en l'état actuel de nos connaissances.

Et (cf. supra, l'entropie appliquée à l'économie), qui nous garantit que nous sommes si éloignés de la survenue d'une telle crise ?

Selon Götz Werner, entrepreneur allemand fondateur de la chaîne de magasins "DM" : "Les hommes politiques sont guidés par le vent qui souffle de la société – et je travaille à renforcer ce vent. Quand nous aurons changé les mentalités, alors les politiques réagiront ; ce sont les mots de Victor Hugo "rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue".



23/01/2017

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