61 - Changer la reproduction -
~ L'HUMANITÉ DOIT-ELLE CHANGER SA REPRODUCTION ~
Après avoir posé quelques définitions et concepts relatifs à l'étude du mouvement transhumaniste {en tant que mouvement culturel & intellectuel international prônant l'usage des sciences & techniques dans le but d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains}, entrons dans le vif du sujet avec la notion de reproduction.
I – LA REPRODUCTION -
Le vivant se caractérise par sa sensibilité et son activité autonomes qui proviennent de la dynamique interne propre au métabolisme, l'être vivant formant lui-même sa propre substance à partir de celle qu’il puise dans le milieu.
De ce phénomène d'assimilation, découlent les phénomènes propres au vivant : la régénération et le renouvellement de leurs tissus, la reproduction et le développement de l’organisme, les êtres vivants maintenant, préservant et enrichissant leur organisation.
Aborder la reproduction chez l'homme nécessite d'envisager les aspects humains de la reproduction, de la mise en question du vivant avec ses rapports tant à l'individu qu'à l'espèce, jusqu’au lien entre nature et culture, avec tous ses rapports symboliques et de liberté auxquels celle-ci renvoie. Ce glissement de la reproduction biologique à la procréation ouvre le champ des problématiques issues de l'accroissement des savoir dans les domaines scientifiques & médicaux.
Sur les plans personnel, social et culturel, se sont très récemment, à l'échelle de l'évolution de l'espèce, posés les grandes questions bioéthiques engageant une éthique de la décision dans le domaine de la reproduction humaine tels que la contraception, l'avortement, le statut de l’embryon, la procréation médicalement assistée, et depuis peu, le désir puis la faculté de maîtriser l'homme ainsi créé puisque les applications des nouvelles biotechnologies appliquées à la médecine humaine notamment, font entrer dans les champs du possible la modification ciblée du génome humain.
II – L'ÉVOLUTION -
En biologie, l'évolution est la transformation des espèces vivantes qui se manifeste par des changements de leurs caractères génétiques au cours des générations. Ces changements successifs peuvent aboutir, à partir d'une seule espèce, à la formation de nouvelles espèces, ce phénomène d'évolution permettant d'expliquer l'origine de la biodiversité sur Terre.
D'après l'histoire évolutive du vivant, la sélection naturelle réunit la durée de vie d'un organisme et le surgissement d'événements-clés pour concevoir la progéniture la plus résistante possible. Dans l'histoire du vivant telle qu'elle est observée, il semble que les organismes choisissent d'engendrer le plus de descendants possibles ou de les élever pour les rendre aussi brillants que possible. Et puisque la taille du cerveau augmente, ces organismes ont besoin de plus d'énergie et d'une éducation plus longue pour atteindre leur potentiel maximum.
En raison des récentes avancés de la science, les mécanismes de la reproduction biologique ont radicalement évolué. La maîtrise possible de l'acte de procréation couplé au phénomène dit de "reproduction culturelle" selon lequel le choix de reproduire met en œuvre des mécanismes reposant sur la connaissance et la prospérité des facteurs économiques nécessaires à la survie de l'espèce, la transmission de valeurs novatrices et fondamentales à une autre génération, semble ouvrir la voie à un processus de reproduction culturelle, qui redirige le temps et l'énergie vers des activités intellectuelles, à l'opposé de la reproduction biologique. Ce phénomène a pris jour avec l'évolution socio-économique des pays dits développés.
III – EN CONCLUSION -
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a très récemment lancé une réflexion à partir d'une saisine portant sur "les enjeux économiques, environnementaux, sanitaires et éthiques des biotechnologies à la lumière des nouvelles pistes de recherche". Le 28 mars 2017, l’Office a adopté son rapport présenté.
Celui-ci a étudié les domaines relatifs à la recherche en biotechnologies, leurs applications à la médecine humaine, à l’environnement, les applications agricoles dénommées « nouvelles techniques de sélection », les enjeux juridiques et sécuritaires et l’évaluation des risques et les conditions du débat public.
Les rapporteurs estiment qu’il faut continuer les recherches, qu’un moratoire n’est ni souhaitable, ni possible ; qu'il n’est cependant pas acceptable de modifier la lignée germinale humaine pour l’améliorer ou "l’augmenter", selon les thèses transhumanistes. Beaucoup de chercheurs pensent que, lorsque ces technologies seront sûres, il sera difficile d’interdire des modifications héréditaires du génome humain, au cas par cas, afin de soigner une maladie grave ou incurable. Cette décision devra toutefois être prise après une nécessaire concertation élargie avec la société civile. OMS et UNESCO devraient s’entourer d’un comité permanent d’experts sur le modèle du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui aurait pour mission d’évaluer le degré de maturité des nouvelles thérapies géniques, d’en apprécier les enjeux sanitaires et éthiques et de proposer des lignes directrices. En France, les règles de sécurité et d’éthique sont suffisantes, il n’est pas nécessaire de créer des règles spécifiques pour évaluer ces techniques de modification ciblée du génome humain. Le réexamen de la loi de bioéthique prévu en 2018 doit être l’occasion de poser la question du transfert mitochondrial.
Les conclusions des académiciens français rejoignent celles des académies américaines des sciences et de médecine telles qu'exprimés dans leur rapport de février 2017 portant sur "La modification ciblée du génome humain : science, éthique et gouvernance".