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50 - Mémoire & Connaissance -

I – LA CONNAISSANCE -

Mémoire et Connaissance. La Mémoire permet-elle la Connaissance ? Est-elle un obstacle à la Connaissance ?

En matière de Mémoire, quel est le terme le plus propice à associer : celui de Connaissance ou de Savoir ?

"La Connaissance" est une notion aux sens multiples ; c'est, en philosophie, l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose (déjà le Savoir ) mais au sens d'une croyance vraie, que l'on attribue mais de manière discutable à Platon, celui-ci lui préférant la notion de "croyance vraie justifiée". Pour Aristote, puis Descartes, Locke, Hume, Kant, Russell, cette notion s'intrique dans deux niveaux : la connaissance est, ou bien une connaissance de base, ou bien une connaissance inférée dans une connaissance de base.

Ainsi, la Connaissance désigne un rapport de la pensée à la réalité extérieure et engage la notion de vérité comme adéquation de l'esprit et de la chose ; c'est une construction qui associe plusieurs étages ; enfin , ce n'est que par extension que le terme de connaissance désigne le contenu de la pensée qui correspond à la nature de la chose.

"Le Savoir" c'est appréhender un acte cognitif à la fois conceptuellement et en organisant un système rationnel. C'est en ce sens, un objet de connaissance.

"La Mémoire" est bien sûr au service des deux concepts, mais elle stocke avant tout des objets de connaissance, i.e. du savoir.

Ce distinction faite, venons-en au sujet posé.

II – MÉMOIRE & CONNAISSANCE -

La mémoire permet-elle la connaissance ?

En tant qu'outil de stockage, donc d'acquisition de la connaissance, cette question reçoit une réponse partiellement positive, car, au regard du concept même de connaissance, la notion de pensée, donc d'intelligence, outil qui va permettre de lier et donner du sens aux objets de connaissance stockés en mémoire, est indispensable pour permettre l'adéquation de l'esprit humain à la chose, ou à l'idée en cause.

Un parallèle est bien évidement à faire avec les technologies de la science de l'information : une mémoire sans processeur, comme un processeur sans outils logiciels permettant l'association des informations en mémoire avec des algorithmes nécessaires à leur donner un sens et une réalité objective, ne sont que des éléments inertes ; en matière humaine, il en va de même ; à quoi sert de posséder une information, au sens d'objet de connaissance, si nous n'avons pas la capacité de la mettre en compréhension par un jeu d'éléments structurels, assimilables à des logiciels, mais qui relèvent également de la connaissance ?

Autre limite : l'appréciation humaine d'une situation ne relève pas essentiellement de la mémoire ; cette analyse des perceptions de la réalité fait appel à d'autres sens, voire ce que l'on appelle l'intuition, la prise de conscience, les réflexes, …, autant de concepts qui renvoient à l'individu, son vécu, sa culture, son éducation, son passé ; ainsi, si la mémoire participe de cette connaissance, elle n'en est qu'un élément d'appréciation.

Bergson estime que la conscience de la vie signifie d'abord mémoire car, sans conscience, pas de mémoire, mais réciproquement, sans mémoire, pas de conscience. De la même manière, l'Homme se différencie d'autres formes de vie par l'emploi qu'il a de sa conscience qui lui permet de dépasser les automatismes physiologiques, parfois au-delà même de la nécessité...

Chacun peut vérifier cette loi sur lui-même : quand une action cesse d'être spontanée pour devenir automatique, la conscience s'en retire ; en revanche, elle s'intensifie dans les moments de crise intérieure, lors de conflits de choix, qui vont conduire à une création, une modification de conduite ; en ce sens, la vie, c'est la création qui consiste à faire plus que ce qui est, mais à partir de ce qui est ; c'est pourquoi le passé, en ce qu'il est mémorisé, est indispensable pour créer afin de produire le devenir. Et en ce sens, la mémoire permet la connaissance.

III – MÉMOIRE vs CONNAISSANCE -

La mémoire est-elle un obstacle à la connaissance ?

Le volume des informations disponibles à chaque instant dépasse plus que largement notre capacité à les mémoriser ; la mémoire humaine, en ce qu'elle est limitée – à tout le moins la mémoire directement accessible par la pensée et la réflexion – est, en ce sens, un obstacle à la connaissance, à la fois, à raison de sa capacité, de sa structure, mais aussi du fait de la limitation des outils humains ou techniques d'organisation et de structuration des données, des méthodes d'acquisition et de récupération des données stockées.

Ainsi, ces outils et méthodes concernent :

- les techniques d''acquisition des savoirs, ou objets de connaissance,

- les modes d'organisation du stockage des ces objets,

- les algorithmes mis en œuvre pour en permettre la restitution.

Nous situant dans le domaine de l'humain et non de la technologie, nous devons également intégrer dans ce raisonnement l'ensemble des capacités propres à chaque individu et qui relèvent, on l'a déjà dit, des sensations, des perceptions sensorielles comme extra-sensorielles, de ses propres capacités mnémoniques, mais aussi de son éducation, son instruction, sa culture...

Enfin, il ne saurait être fait abstraction de ce que la connaissance n'est pas que la somme d'objets de connaissance et d'informations ; elle concerne aussi, et pour une part très importante, le raisonnement qui permet, ou d'établir les liens entre ces objets, ou bien de se les réapproprier, les reconstruire (apprendre à (ré)apprendre).

Sommes-nous des ânes savants ou des êtres intelligents {OU non exclusif, au sens mathématique} ?



19/01/2017

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