~ Cercle Philosophique ~

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41 - La Démocratie -

I – LE CONTEXTE -

Dans "Capitalisme, socialisme & démocratie", Joseph Schumpeter (1883-1950), estime que "La Démocratie" peut se définir comme "un système institutionnel aboutissant à des décisions politiques, dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces décisions à l'issue d'une lutte concurrentielle portant sur les votes du peuple". C'est l'implication des citoyens dans l'exercice du pouvoir, d'où la notion de démocratie directe ; la démocratie participative, par le biais d'acteurs, désignés par des partis, mais élus par l'ensemble des citoyens au suffrage universel, relève-t-elle de cette implication directe dans l'exercice du pouvoir ? N'assistons-nous pas à un glissement sémantique entre élection et démocratie ?

Dans son allocution du 25 septembre 1993 pour l'inauguration du "Mémorial de la Vendée" aux Lucs-sur-Boulogne, Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), alors l'invité du Conseil général de la Vendée, et non de l'État français, déclarait : "La Révolution française s'est déroulée au nom d'un slogan contradictoire et irréalisable "Liberté - Égalité - Fraternité" car la Liberté détruit l'égalité sociale, l’Égalité restreint la Liberté et la vraie Fraternité, elle, est d'ordre spirituel".

Dans cet esprit, "La Démocratie" peut-elle servir à la fois "La Liberté" et "L'Égalité" ?

II – LES NOTIONS -

Examinons quelques principes régissant la notion de Démocratie participative au regard des notions de Liberté et d'Égalité.

Sur ce terrain, les principes fondamentaux régissant une démocratie participative, portent sur :

- une Constitution, élaborée par une assemblée de constituants honnêtes et désintéressés, dont le principe d'action est le bien public, et non pas les politiques eux-mêmes, bénéficiaires du système qu'ils créent,

- un vote libre et autonome des citoyens, pour la désignation de leur représentants, et non un vote sur des individus qui leurs sont non démocratiquement proposés,

- un pluralisme de la représentation politique,

- une responsabilité des acteurs publics et des élus

- une institution de contrôle des pouvoirs, pour lutter contre la tendance naturelle des représentants à s'autonomiser et à fuir leurs promesses et responsabilités électives,

- une liberté de la presse, telle que déjà définie dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme & du citoyen de 1789, produisant une information libre et indépendante, à l'abri de la manipulation des pouvoirs, permettant notamment la transparence des décisions publiques,

- la Souveraineté de l'État, ce qui conduit à la supériorité de sa Constitution sur toute autre norme, notamment les traités internationaux ayant pour effet de l'aliéner progressivement,

- une création monétaire libre, toute délégation de ce droit à un organe extérieur conduisant de facto à un abandon de Souveraineté,

- une limitation constitutionnelle des pouvoirs des représentants.

III – DÉMOCRATIE - LIBERTÉ - ÉGALITÉ -

A la lecture de ces quelques principes, il s'avère que les trois notions susvisées, comme le soulevait A. Soljenitsyne, relèvent de l'utopie.

Qui contrôle en réalité les pouvoirs ? Quelle suite un citoyen peut-il donner aux abus de certains de ses représentants, en matière notamment d'enrichissement personnel, d'abus de biens sociaux ou/et de position dominante, de délit d'initié, de rémunérations exorbitantes ?

La professionnalisation de l'action politique conduit tout naturellement à ce qu'un engagement dans l'activité politique s'accompagne bien humain ( ! ) du souci de s'y maintenir, voire d'améliorer sa position ; dès lors, l'intérêt pour le "Pouvoir" induit, pour une part importante, les comportements des désignés-élus et il serait naïf de ne pas voir que divers bénéfices de prestige, d'aisance financière, de qualité de vie, de sentiment de puissance et d'estime de soi, sont associés aux positions de pouvoir !

Une lecture attentive des concentrations de pouvoirs dans le domaine des entreprises privées des médias d'information ne laisse pas davantage d'illusions quant à la neutralité de celle-ci et la qualité de l'information distribuée.

Qu'est devenue la "Souveraineté" de l'État avec l'introduction de la Communauté européenne (devenue depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le 1° décembre 2009, l'Union européenne) ? Quelle suite a été donnée au "Non" au referendum français du 29 mai 2005 (comme celui des Irlandais et des Néerlandais) sur le projet de traité établissant une constitution pour l'Europe ?

Les institutions financières privées s'étant arrogées le pouvoir de créer et vendre l'argent qu'elles ne possèdent pas pour financer l'activité publique et privée, quelle est la liberté d'action de nos "représentants" ? Pour mesurer l'ampleur des conséquence d'une telle situation, il faut savoir que le montant de la dette financière de l’État français au 31 octobre 2016 était de 1 638,88 Md€ (Situation mensuelle de l’État – Journal officiel de la République française (JORF) n° 265 du 16-12-2016) alors qu'elle "n'était que" de 1 582,66 Md€ ai 31 décembre 2015 (Situation mensuelle de l’État - JORF n° 39 du 16 février 2016).

IV – EN CONCLUSION -

En 1913, la création aux États-Unis de la banque centrale américaine (FED = Federal Reserve), banque privée, a conduit l'État fédéral américain à abandonner son pouvoir de création du dollar, déléguant ce service aux institutions bancaires privées qui lui revendent ensuite avec facturation des intérêts ; n'est-il d'ailleurs pas tout à fait curieux de constater que l'impôt sur le revenu a été créé la même année, avec un produit couvrant exactement le montant des intérêts bancaires ?

Karl Marx {un "grand capitaliste" devant la matérialisme dialectique - faute d'existence de l'Éternel dans sa conception philosophico-religieuse} avait déjà posé comme précepte que, "Pour obtenir le contrôle total (des institutions) deux ingrédients sont essentiels : une banque centrale et un impôt progressif pour que les gens ne s'en rendent pas compte.".

La France y est parvenue un peu plus tardivement ; c'est un grand connaisseur du milieu de la finance internationale, le président Pompidou, directeur de la banque Rothschild entre 1954 et 1958, qui promulgue la loi abandonnant notre "Souveraineté" monétaire au profit des banques privées ; poser, depuis lors, le constat de la présence d'un chômage mécaniquement lié à l'abus de création monétaire, relèverait d'une approche malveillante et critique du fonctionnement de nos institutions.

Enfin, est-ce un hasard si l'Économie et l'Histoire sont si peu enseignées à l'école ? Honoré de Balzac estimait que : "Il y a 2 Histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète où se trouvent les véritables causes des événements".

Alors, peut-on encore parler de "Démocratie", de "Liberté", d'"Égalité" ? La trilogie "Liberté-Égalité-Fraternité" ne servirait-elle plus qu'à l'ornement des frontons orgueilleux de nos édifices publics ? N'aurait-elle d'ailleurs pas toujours été limitée à cette seule vocation ornementale ? La confrontation de ces miasmes d'idéal révolutionnaire à la réalité de la construction de l'Espace européen, tremplin pour une extension mondiale de l'asservissement des peuples par l'Économie, conduisent à diagnostiquer dans la "Démocratie" un certain nombre de failles impossibles à combler qui doivent nous conduire rapidement à repenser un système tourné vers la Nature et l'Humain - et non l'intérêt de quelques anonymes, par sociétés interposées - afin de résister à des fanatismes aussi immortels que les valeurs dont ils se réclament...



20/01/2017

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